mercredi 1 octobre 2008

Au creux du pays

Après avoir traversé le pays d'est en ouest en 8 jours, nous étions bien contents d'arriver à Olgii, ville de 28 000 habitants. Nous avons fait 1600 km en huit jours, comptant que nous roulions bien nos 6 à 7 heures par jour. Les chemins sont très mauvais. Très, très, très.

De Olgii, nous allions partir avec nos 5 copains et 2 chiens pour une randonnée de 10 jours dans les montagnes du park national Tavan Bogd. Notre but était d'aller voir le glacier qui touche la Russie, la Mongolie et la Chine.

Pour les gens de Yellowknife, vous savez comment l'automne se passe : fin septembre = première neige. Ici, c'est la même chose. La température descendait au moins à -10 la nuit. Nos tentes se givraient à l'interieur et un mince tapis de neige recouvrait le sol pendant la nuit.

Rudy et moi avons acheté des mauvaises bottes au marché noir pour 30 balles. Fallait donc pas s'attendre à une super performance. Au bout de deux jours de marche, Rudy avait les dessous des pieds tout erafflés. Avoir sût qu'on ferait cela, nous aurions apporté de l'équipement un peu plus adéquat à la situation.

Une tempête de neige nous aura presque découragé, mais ce sera la vue de la vallée qui m'aura convaincue que je voulais absolument ne pas y aller. En plus des locaux que nous rencontrions dans les yourtes qui essayaient tant bien que mal de nous de nous décourager de continuer, et surtout ce guide dont la route a croisé la nôtre qui nous a fortement conseillé de rebrousser chemin... Je suis une personne nerveuse et quand il s'agit d'intempérie, je pouvais pas. Je passais la journée à marcher et à me demander si nous trouverions du bois et de l'eau là ou nous allions. Si 1 pied de neige aura recouvert le sol demain. Si les vents augmenteront. Si nous avions assez de nourriture. Si-si-si-si-si. Ils nous restaient 6 jours de marche et je paniquais déjà.
Le soir-même, j'ai parlé au groupe et le lendemain, nos chemins se séparaient.

Rudy et moi sommes sonc partient à l'aventure seuls pour la première fois depuis notre arrivée en territoires mongols. Nous avons rencontré une gentille famille de nomade qui déménageait leur yourte plus à l'est et moins en altitude. L'hiver est très rude dans le country side, en campagne. Il faut bouger. On ne pouvait pas vraiment communiquer avec eux, mais on a réussit à leur expliquer qu'on se cherchait une lift. On les a aider à charger leur camion; et hop! la maison dans la boîte! C'est fascinant de simplicité. Une leçon de vie que l'on oubliera pas de sitôt.

Cinq dans l'avant du camion, tassés comme des sardines dans une boîte, plus un chaton, nous avons roulé quelques heures avant de nous arrêter dans une autre famille qui pourrait nous amener plus loin. Nos nouveaux amis ne pouvaient que rouler 40km par jour attendu qu'ils devaient attendrent les troupeaux de bêtes (chevaux, vaches+boeufs, moutons et chèvres) qui étaient plus lents que nous. C'était des gens extraordinaires. Aucune malice dans les yeux. Des sourires, toujours. Un petit garçon mignon et comique en plus. Et des parents qui semblaient très blagueurs. En fait, c'est ce que l'on en a déduit. Parce qu'on ne parle pas le kazhak, ils nous étaient impossible de communiquer par mots. On jouait donc aux mimes : sons et gestes. Premier qui devine! La dame m'a offert des boucles d'oreilles et moi du parfum.

Cette rencontre m'avait personellement reconcillié avec la population. On nous avait dit que les kazhaks étaient plus chaleureux et moins... comment dire... mesquins que les mongols. Cette famille nous en a donnée la preuve.

Nous sommes retombé sur la terre mongole en les quittant. Nous avons donc été à la rencontre de l'autre famille, pourtant kazhak, qui construisait leur yourte pour l'hiver. Petit moment de gêne habituel. Les enfants nous approchent en premier et aussitôt qu'on les amusent, la glace est brisée. Nous avons donc appris et aidé à construire leurs deux yourtes kazhaks (il y a une différence entre la yourte mongole et la kazhak) puis avons partagé l'habituel thé (fait de lait de jument, eau chaude et beurre), petits pains très graisseux et fromage sec (tellement sec qu'il est difficile de le croquer). Puis la question de voiture est abordée. Par dessin sur une feuille, on nous explique qu'il faut payer le mec qui chauffe, la gasoline et surtout, son retour à la maison. Rudy et moi soupirons devant le montant exhorbitant qu'ils nous proposent et après négociation nous nous résignons devant celui qu'ils finissent par accepter. La nuit s'en vient, nous sommes prient entre 3 montagnes sur une route déserte, loin loin de tout engin mécanique. Que faut-il faire? J'étais très triste à ce moment, me disant que le tourisme en Mongolie est arrivé trop rapidement. Boum! en 1991 le pays s'est ouvert aux étrangers et une gang de monde (en occurence : nous), avide de paysages étranges et magnifiques, de chevaux et de chameaux sauvages, de terres encore vierges, est débarqué avec leur argent de partout dans le monde, prêt à payer pour voir ce qui restait à ce jour complètement inconnu. La Mongolie. Ancien régime soviétique. Mystérieuse Mongolie avec ses nomades.

C'est maintenant que l'on en pait le plus gros prix.

Je reste malgré tout positive face à tout cela et me dit que je suis chanceuse d'avoir fait l'experience mongole. Je me dis maintenant qu'aucune experience n'est négative, ce n'est qu'apprentissage.

C'est donc nos 80 000 Tugrug (75$) qui nous ont menés jusqu'à Tsengel, minuscule bled complètement paumé. Sur le chemin, nous nous sommes arrêtés dans une yourte très sympathique pour prendre le thé. Aussitot descendu de la voiture, on nous invite gentiment à l'intérieur, nous posant des dizaines de questions qu'on ne comprend absolument pas. Smile and nod s'applique fortement. On veut savoir si nous sommes mariés. Malaise devant les regards insistants des kazhak je réponds tout de suite : Oui (je le veux), me promettant intérieurement d'acheter une bague quelconque à mon retour dans la ville. Bague que je glisserai dans mon annulaire gauche, faisait ainsi tout suite taire les gens et leurs ambitions. Je leurs explique en geste un mensonge que, gentiement, j'appellerais plutot une déformation de la réalité.

Des pickpockets nous ont volé et ils ont prient ma bague.

(Deux de nous ont été un peu échaudées par un de nos chauffeurs lorsque nous avons traversé le pays plutot dans le mois. Avoir un copain n'est pas une assez bonne raison. Il faut plus pour repousser la rapace masculine ici.)

Ces chauffeurs, qui nous ont déjà soutiré notre gros cash, ont voulu nous en prendre plus encore rendu à Tsengel. Pour 50 000 Tugriks, ils nous reconduiraient à Olgii. Pour moi, il n'en était pas question. Je les suppliaient avec mes yeux d'arrêter de nous fourrer. Puis il y a comme un ange qui est descendu du ciel. Là ou nous avons dormi, le maitre de la maison était un homme bien. Il a sortit son guide kazhak-anglais, a tenté de nous expliquer que se rendre à Olgii coute 8000 tugriks chaque, PAS PLUS! Il nous a aidé a prendre le taxi collectif (parce qu'il n'y a pas de bus) et nous a meme souhaité : Bon voyage (en francais)! en nous pointant les mots dans son guide.

Merci en kazhak se dit : (prononciation seulement) Rermet (avec un accent arabe, le R étant plus gutural que le notre). Je dois bien lui avoir dit plus de 10 fois tellement j'étais contente.

Je n'ai pas de morale pour terminer notre petite histoire. Mais j'ai beaucoup d'images. Nous avons hâte de quitter la Mongolie. Nous avons des regrets, même si on essait fort fort de ne garder que les bons souvenirs. Si nous avions sût tout ce que nous savons maintenant, on n'aborderait pas le pays de la même façon. Notre budget a complètement explosé, alors nous espérons que la Chine sera plus douce sur nous, coté monétaire.

La Mongolie est encore sauvage, mais je crois que c'est comme cela qu'elle est belle et unique. Tout est dans la facon dont tu l'abordes.

Parfois, je m'enfuie loin (loin-loin de ce balai mécanique, loin-loin du général électrique, loin-loin de tous ces consommateurs de fric) d'ici grâce à mon Ipod que j'ai décidé d'apporter. Merci aux David Marin, Vincent Vallières et Bob Dylan de ce monde. Crime que vous me faites du bien ♪

Sur ce, on vous laisse sur nos dernières images et demain est une nouveau voyage qui commence : l'immensité chinoise!

Bayarta! (aurevoir, en mongol)

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